Arnaques aux placements : vous pouvez incriminer votre banque

Juin 16, 2020 | Placements

La plupart des escrocs financiers opèrent depuis l’étranger, en Europe voire au-delà. Peu de victimes
le savent, mais il est possible de demander à sa banque de bloquer les fonds.
Voire d’engager sa responsabilité. Le point avec les invitées de notre émission “Le grand rendez-vous de l’épargne”,
Claire Castanet, de l’AMF, et Hélène Feron-Poloni, avocate spécialisée.

Un premier virement vers un compte en Europe : c’est souvent ainsi que commencent les arnaques financières, qu’il s’agisse d’investir dans des bouteilles de vin, du métal jaune ou encore des cryptomonnaies. Comme l’indique Hélène Feron-Poloni, avocate spécialisée au sein du cabinet Lecoq-Vallon et Feron-Poloni, invitée du « Grand rendez-vous de l’épargne », il est difficile de poursuivre la banque étrangère qui a reçu les fonds. Cela nécessite en effet d’intervenir auprès du procureur du pays concerné. Voire de plusieurs pays, puisque les fonds circulent souvent à travers les frontières, ce qui implique dès lors de prendre un avocat dans chacun de ces pays. L’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne ou le Portugal sont souvent des pays de transit de l’argent. Il reste en revanche possible d’agir auprès de la banque responsable du virement. Dans un premier temps, en contestant cette opération, et en lui demandant de rappeler les fonds. L’établissement pourra éventuellement exiger un dépôt de plainte pour s’exécuter, mais n’aura pas besoin, contrairement à ce que l’on pense souvent, d’effectuer une déclaration Tracfin pour pouvoir bloquer les fonds. Sinon, il faudra engager la responsabilité de cette même banque, censée connaître son client, et qui aurait donc dû trouver suspect un virement à destination d’un pays étranger, ou vers un bénéficiaire au nom à consonance anglo-saxonne. Cette stratégie peut être payante, notamment lorsqu’après un premier échec, la banque a tout de même effectué le virement sollicité.

Comme le rappelle Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants à l’Autorité des marchés financiers (AMF), en cas de démarchage, il ne faut pas donner suite. Et, a minima, faire des contre-vérifications. Personne n’est vraiment à l’abri de ces mécanismes d’arnaques, que l’on soit éduqué financièrement ou pas, et cela prend souvent du temps aux victimes concernées de réaliser qu’elles se font manipuler. Il n’y a pas de profil-type des personnes arnaquées, même si on compte un peu plus de retraités, sûrement car ils sont plus disponibles pour répondre aux sollicitations.

Intervention d’Hélène Feron-Poloni dans le Figaro Econome du 16 Juin 2020. 

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